« Une stratégie d’échec »
Tous. Tous, sans exception, le monde médiatique, politique, économique, philosophique n’ont de cesse, à
longueur de journée, de louer le comportement des Organisation syndicales, durant plus de 6 mois, lors du conflit
sur le dossier de la retraite.
Cela ne m’étonne pas. Pourquoi une telle unanimité ? Celle-ci, ne frise t’elle pas une connivence inavouée, cachée
entre l’intersyndicale et le gouvernement ?
Car enfin, appeler les travailleurs à se mobiliser une journée de temps à autre est une pure hérésie et un échec
assuré. Battre le pavé, défiler en cortège, en procession derrière des bannières et rentrer chez soi, n’a jamais,
depuis des décennies, obtenu de résultats. Seule une grève générale et un blocage économique du pays peut
entrainer un espoir de succès. Réitérées à intervalles réguliers, les grèves d’une journée n’entrainent pas de
pertes économiques aux employeurs. Au contraire, ceux-ci bénéficient d’un gain sur les salaires.
Depuis des décennies, cette stratégie syndicale a démontré son inefficacité. Alors, pourquoi persévérer à engager
le monde du travail dans une voie sans issue ? Cela me rappelle les processions religieuses où les fidèles sont en
état de soumission. Les bannières religieuses sont remplacées par celles des syndicats ; les slogans remplacent
les cantiques et les cris de douce violence apparente sont encadrés de manière à obtenir une même soumission.
Je ne défilerai plus. Je ne battrai plus le pavé. J’irai soutenir et porter mon obole à ceux qui demain, auront le
courage de bloquer leurs lieux de travail et paralyser momentanément l’économie. C’est la seule solution pour
protéger les acquis. Car, nous en sommes là : tenter de protéger les acquis obtenus dans la douleur par les
générations actives précédentes ! Renoncer à se battre pour des droits nouveaux conduit inexorablement le
monde du travail à la défensive. Ainsi, avant cette offensive Macron, n’aurait-il pas été plus judicieux d’appeler à
manifester pour le retour de la retraite à 60 ans afin de pouvoir, peut-être, préserver les 62 ans ? La meilleure
défense demeure l’attaque.
La chanson en vogue aujourd’hui ? Les ouvriers ne peuvent plus faire grève plusieurs jours consécutifs à cause de
l’inflation. Pourquoi au 19ème siècle et au 20ème siècle, démunis de tout, le pouvaient-ils ? Nos derniers grands
acquis datent des évènements de 1968, ce mouvement tant décrié aujourd’hui par tous. Celui-ci n’était pas né à
la suite d’une initiative syndicale mais par la seule lassitude populaire et étudiante.
Les processions et défilés peuvent continuer ; les cantiques-slogans fleurir ; le poing à peine fermé, remplacer le
signe de croix... Cela n’empêchera pas le roi élu et sa haute finance de dormir. Je hais la violence. Des combats
pacifiques mais radicaux doivent être menés. Cette unique stratégie utilisée par les syndicats unanimes, joue le
jeu du patronat et du gouvernement. Les censeurs de tous poils, ne remettent peut-être pas en cause le droit de
grève mais martèlent son obligation à ne gêner personne. Cette idée a pénétré nos instances dirigeantes
syndicales et approuvée par elles. Pourquoi ? L’argent public demeure leur financement principal. Cette
dépendance aliène leurs pouvoirs d’actions.
Nos élites, nos sachants, nos experts ou décrétés comme tels, eux qui expliquent, influencent, manipulent,
approuvent à une quasi-unanimité cette stratégie syndicale d’échec. Qu’en pensent les salariés après de multiples
retenues de salaire et de kilomètres parcourus en procession ? Ils approuvent me direz-vous ! En effet, toutes les
organisations syndicales annoncent de nombreuses adhésions reçues au cœur de l’action. Cela demande
vérification malgré tout. Ces adhésions d’euphorie reçues dans l’espoir d’un succès demeurent précaires et leur
volatilité est bien connue. Le désenchantement doit être immense.
« Nous irons jusqu’au bout ! » Ce genre d’affirmation péremptoire est toujours les prémices d’un retrait, d’une
désertion. Cela dure depuis des décennies.
Nos dirigeants syndicaux, par le seul choix de cette « éternelle » stratégie connaissaient l’issue inéluctable
d’échec. Ils sont complices. Le roi élu n’a pas de souci à se faire. Les fusibles ont bien fonctionné. Ils peuvent tous,
s’autocongratuler dans les salons de l’Élysée et des Ministères, à l’abri des regards populaires.
Le peuple, les ouvriers sont muselés à tous les égards par les pouvoirs politiques et syndicaux unis comme des
jumeaux. Le monde du travail doit s’approprier au plus vite, usine par usine, bureau par bureau, chantier par
chantier, son destin. Nous ne pouvons plus rien attendre de nos élus et de nos pseudos-représentants.
Pour eux, l’exploitation de la naïveté du peuple demeure un jeu d’enfant. Cette pièce de théâtre maintes fois
jouée, entraîne chaque fois amertume, déception, colère. La flamme s’éteint. Le rideau tombe, dans l’attente de
la prochaine représentation.
Alain Coatleven
05/09/2023
✓ Durant cette période, 14 Journées d’actions et de grèves ordonnées par l’intersyndicale